L’architecture (3)

Quel est le bâtiment idéal de l’avenir, comment se construit-il et avec quels matériaux ? Nous avons déjà évoqué l’importance de l’emplacement et des matériaux (les plus naturels et écologiques), mais qu’en est-il de l’architecte ? Pour quelles raisons concrétise-t-il (ou elle) un édifice, un bâtiment, une maison ? Dans la pratique ces raisons peuvent êtres multiples, mais sont-elles profondes ? S’agit-il d’exprimer sa créativité personnelle, de gagner sa vie, ou tout simplement d’être reconnu ? Toutes ces raisons peuvent être valables mais elles ne transcendent malheureusement pas l’homme et ne touchent pas à des réalités supérieures, Divines. Si on cherche à aller au-delà du purement humain ou utilitaire, il sera nécessaire de changer son point de vue sur soi-même, son métier, et cela profondément. Nous voulons dire par là que soit l’architecte est au service de l’humain, soit il est conscient de servir une cause supérieure. Et quelle est-elle ? Cette cause sous-entend de créer un pied-à-terre, littéralement parlant, pour le Divin en ce monde. Le bâtiment moderne a chassé Dieu. Pas tellement parce que nous ne cherchons plus à bâtir d’églises ou de temples, mais parce que déjà au niveau de la conception d’un édifice, l’architecte ne s’adresse pas à cette réalité qui va au-delà de lui. Rares en effet sont les architectes qui sont conscients de leur véritable mission : créer des pieds-à-terre pour des énergies d’ordre supérieur, spirituelles dans ce monde.

Pour cela il ne suffit pas juste de veiller à un bon emplacement ou de construire avec des matériaux sains, car ce dont il s’agit ici, c’est du germe de la concrétisation, de l’origine du bâtiment, de sa conception à la base. Au moment où un bâtiment apparaît visiblement devant nos yeux, nous voyons une idée originale s’incarner, devenir tangible. C’est cette idée qui constitue le germe se trouvant à l’origine de ce bâtiment, et c’est ce germe qui est en principe le plus important. Tout le reste ne vient que se greffer là-dessus, comme le corps d’un enfant qui se construit au sein de la mère. Le bâtiment, c’est « l’enfant » de l’architecte, c’est son idée de base qui se concrétise. Si cette idée est purement matérialiste, utilitaire ou égoïste, avec pour but de glorifier le cerveau humain, le résultat sera à l’image de cette idée, et aucun matériau ou lieu ne pourra neutraliser ce fait. C’est l’idée d’origine qui s’exprime et qui donne ensuite son parfum à ce monde, une bonne odeur ou une mauvaise.

Une nouvelle architecture demande une toute autre conception de la construction et du rôle de l’architecte, une conception qui touche une réalité allant au-delà des apparences. Une des raisons pour laquelle le monde actuel est devenu si terre-à-terre, pécuniaire et matérialiste, est justement en lien avec cette réalité, cette vérité. Si nous construisons tous les jours des bâtiments et des maisons qui ne sont basés sur rien d’autre que sur une réalité purement fonctionnelle, terrestre, nous n’aidons pas la venue d’un monde plus humain et donc plus spirituel ici-bas. Le monde insensible, dur, qui ne tient plus compte de l’individu et d’où tout sentiment semble parti, ce sont les architectes qui l’ont construit au fil du temps. Bien sûr ils ne sont pas les seuls à y avoir contribué, il y a beaucoup d’autres facteurs qui entrent en jeu dans ce constat malheureux. Mais le fait est que les architectes touchent au durable dans leur profession, et leurs essais moins réussis ne peuvent pas être effacés à la gomme une fois construits. Cela veut dire que l’architecte a une grande responsabilité dans ce monde, tout autant que les pédagogues ou les médecins.

Un bâtiment est conçu pour durer, et c’est cette vérité ou réalité dont l’architecte doit être conscient. Cela l’obligera à donner forme à ce qui mérite de durer, d’être vu, ou mieux, d’être vécu. Car quel est l’effet de quelque chose que l’on voit tous les jours ? Un tableau pas très réussi on peut l’enlever, mais une bâtisse ? Et qu’est-ce que vivent les personnes qui le voient au quotidien ou qui habitent dedans ? Ici nous touchons carrément au sens de l’existence, à ce que signifie réellement le bien-être humain. Une chaise confortable ou une maison à l’aspect visuel ‘intéressant’ peuvent alimenter notre recherche de bien-être physique ou intellectuel, mais est-ce le but de la présence humaine en ce monde ? Pour beaucoup d’individus oui, certes, et pourtant peut-être se trompent-ils et restent-ils trop à la surface. Parce qu’au-delà du bien-être physique ou intellectuel, il y a un aspect de la structure humaine qui touche à l’âme, mais comment nourrir cette partie en nous ? L’âme en l’homme cherche justement le contact avec ce qui nous transcende, avec la réalité invisible, Divine, et pour créer un lien avec cette réalité par le biais de l’architecture, il est nécessaire pour l’architecte de placer son activité, son métier dans ce domaine, dans cette réalité.

L’architecte de demain placera de nouveau les fruits de son travail dans cette réalité invisible, pour alimenter l’âme humaine et créer un pied-à-terre au Divin dans ce monde concret. Les formes visibles qui verront le jour à la suite de cette nouvelle conception, pourront être diverses, mais elles témoigneront certainement de plus d’élégance, de souplesse et de légèreté que les bâtiments carrés de l’époque actuelle. Parce que solidité n’est pas synonyme de ligne droite, de carré, ou de béton et d’acier.

La maison de l’âme est basée sur les principes de ‘respiration’, de lumière, d’accueil chaleureux et d’ouverture. Mais pour pouvoir rendre ces principes concrets, il est nécessaire de les chercher tout d’abord dans cette réalité qu’est l’âme, en soi-même et dans la vie. L’architecte de la nouvelle époque cherchera de cette façon avant tout le lien avec l’âme, son âme, avant de concevoir quoi que ce soit à l’extérieur de lui sans ce support. C’est elle qui le guidera vers le meilleur emplacement, les meilleurs matériaux de construction et qui lui inspirera les meilleures formes, Divines, pour la maison de ses rêves, les rêves de son âme.

Mother